Le projet du Grand Paris inspire celui du Grand Moscou
Relancer l’économie maritime et portuaire et refaire de Paris une « ville monde », en la dotant d’un accès à la mer, via Rouen et Le Havre, tel est l’objectif du projet Grand Paris axe Seine, porté par l’architecte Antoine Grumbach, qui a aussi remporté, avec son associé Jean-Michel Wilmotte, la consultation internationale sur le développement du Grand Moscou. Avec l’estuaire de la Seine et sa grande façade sur l’océan, le port du Havre est le principal débouché fluvial de l’Europe sur l’Atlantique. Le Havre pourrait ainsi transformer le Grand Paris en une véritable métropole maritime. Ce projet de refondation de la géographie urbaine, sociale et économique d’un vaste territoire, doté d’un budget important, et sans précédent.
Parmi les dix projets internationaux proposés pour le Grand Paris, seul l’architecte et urbaniste Antoine Grumbach a fait le choix, avec son projet « Seine Métropole », de faire de la Seine l’axe majeur de développement de Paris et de son agglomération vers Le Havre et sa façade maritime. « 85 % des échanges internationaux se font aujourd’hui par voie maritime. Le rôle des ports est un élément majeur dans une économie qui se mondialise », explique Antoine Rufenacht, ancien maire du Havre et commissaire général pour le développement de la vallée de la Seine.
Les grandes métropoles ont toutes un port. Ainsi, l’objectif est de faire du Havre, deuxième port français et cinquième port européen, la fenêtre maritime du Grand Paris pour s’ouvrir sur l’Europe, à un moment où l’augmentation du fret induit par la mondialisation de l’économie offre d’importantes perspectives de développement.
À deux heures de route des Champs Élysées, le port du Havre, premier port français pour le commerce extérieur, est directement relié par l’autoroute A13 à la capitale française, dont le dynamisme en fait l’un des pôles économiques majeurs du continent. Irrigué par l’axe fluvial de la Seine, ce vaste territoire, densément industrialisé, compte un très grand nombre d’entreprises disposant d’un savoir-faire unique. Rassemblés au sein du Groupement d’intérêt économique Haropa, Les ports du Havre, de Rouen, et de Paris sont connectés au reste du monde grâce à une offre maritime de premier plan Avec un trafic maritime et fluvial de 127millions de tonnes nous atteignons la taille européenne », justifie Laurent Castaing, le directeur du port du Havre. Haropa se hisse ainsi au quatrième rang des ports nord européens.
Le projet mené par Antoine Rufenacht pour aménager et dynamiser le territoire allant du Grand Paris à la Normandie nécessite d’investir 18 milliards d’euros. Au chapitre des équipements incontournables figure la réalisation d’un réseau ferroviaire à haute performance réservé au fret entre Paris, Rouen et Le Havre, la mise en œuvre d’une liaison fluvio-maritime au sein même du port du Havre et la fusion des ports de Rouen, Caen et Le Havre. « La mise en place d’une nouvelle ligne ferroviaire est de toute importance. Elle permettra d’acheminer la marchandise vers l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, tout en faisant de la Vallée de la Seine un laboratoire de développement durable », indique Antoine Rufenacht. La future ligne à grande vitesse constituera l’épine dorsale de l’axe du Grand Paris. D’ici à 2020, Le Havre sera ainsi relié, en une heure, à Paris-La Défense, premier quartier d’affaires européen, mais aussi à Londres. « J’insiste sur la nécessité pour la France de s’appuyer sur une capitale « ville monde » et une politique maritime et portuaire ambitieuse pour renforcer son économie, développer ses emplois, augmenter son activité touristique », renchérit Antoine Rufenacht.
Après le Grand Paris, le Grand Moscou
La Russie a été sensible aux choix de la France, en sélectionnant les architectes et urbanistes français Antoine Grumbach et Jean-Michel Wilmotte pour le développement du Grand Moscou et les rives de la Moskova. La consultation internationale, inspirée de la dynamique du Grand Paris, a permis aux deux architectes français, épaulés par une équipe russe, de proposer un vaste programme d’aménagement urbain, avec la volonté d’améliorer la qualité de vie des Moscovites. « Nous sommes très heureux et fiers. Nous avons fait un gros travail, très personnel. C’est notre regard positif qui a été remarqué. On s’est inspiré des images d’un Moscou idéal et optimiste. », confie jean-Michel Wilmotte.
Le projet du Grand Moscou vise à faire de la capitale russe, qui cherche à s’étendre et à se moderniser, une grande métropole mondiale favorisant la qualité de vie de ses habitants. L’étude prévoit notamment la création de transports collectifs respectueux de l’environnement (associant tramway, bus, métro, etc.) et d’itinéraires paysagés. « La clé du projet, c’est le transport public. Mais on a cherché et trouvé l’ADN de Moscou. C’est d’être une ville dans la forêt et une forêt dans la ville », observe Jean-Michel Wilmotte. Il s’agira, dans chaque quartier, de créer autant de surfaces bétonnée que d’espaces verts, de transformer les berges en promenades, de relier le centre aux quartiers périphériques.
« Je me félicite de la capacité des opérateurs français à travailler ensemble et avec leurs partenaires russes pour présenter une offre globale couvrant l’ensemble des savoir-faire - urbanisme, architecture, ingénierie -, et permettant de trouver des solutions intégrées aux différents défis d’une très grande métropole comme Moscou », a déclaré l’ambassadeur de France en Russie lors de la présentation de la consultation au célèbre parc Gorki de Moscou.
Les autres points forts du projet présenté par l’équipe Grumbach-Wilmotte sont la création de neuf grandes portes tout autour de la capitale et la réconciliation de la ville avec le fleuve, en mettant la Moskova au centre de leur étude. Le coût total de ce projet est de 185 milliards d’euros sur trente ans.